jeudi 18 mars 2010

Ca nô tcha rabecada morrê!

A new album is said to be released in the next few weeks. Entitled "Ca nô tcha rabecada morrê!", it is a collection of various traditional pieces of Cape Verde music played on violin, an instrument that used to be a central element of the morna. "The aim of this record is to rehabilitate the key role of the violin in Cape Verdean tradition", says the producer, Armando Correio e Silva. "We hope that one side effect of this work will be to raise interest in violin among the young generations in Cape Verde".
Nonetheless, it should be emphasized that the musicians' way of playing is more tilted toward modern style. The accompaniment is relatively soft, consisting of a guitar, a cavaquinho, drums, and a bass.
Here are two short excerpts:






mercredi 17 mars 2010

Fantcha at Joe's Pub




Fantcha en compagnie de Bau, avant le concert

Conformément à ce que nous avions annoncé il y a quelques jours, Fantcha a présenté son nouvel album Amor Mar e Música, samedi dernier, lors d'un concert au très glamour "Joe's Pub", à New York. Le même jour, l'album faisait son entrée chez les distributeurs Itunes et Amazon, ce qui va sans doute faciliter le succès de ce disque, alors que tant de talents de la musique capverdienne peinent à trouver un distributeur.
Fantcha est avant tout une voix sublime, immédiatement reconnaissables entre mille, un timbre suave et à la fois goguenard, enjoué, qui nous transporte subrepticement vers d'autres latitudes, en nous faisant oublier les contingences pour nous laisser rêver à l'essentiel.
Mais Fantcha, c'est également une personnalité hors du commun, douée d'un charisme rare, regorgeant d'une énergie et d'un enthousiasme qui ont tôt fait d'irradier sur son public. qui n'attend pas son autorisation pour se lever et se balancer aux rythmes de ses coladeras, mazurcas et autres marches de carnaval. Fantcha est à l'aise sur scène, elle s'amuse à communiquer avec l'auditoire, ne lui tient pas rigueur de sa grossièreté (certaines Cap-Verdiens non-originaires de São Vicente sont allés un peu loin en huant les paroles de la morna Ventre de Mãe Terra, qui fait l'éloge de cette belle île), lui tend le micro en l'invitant à l'accompagner sur ses refrains.
A la fin de la représentation, tous s'accordaient que le spectacle aurait dû durer plus longtemps! Mais bien que l'ambiance intimiste se voulût proche de la tocatina, ce genre de manifestation improvisée qui peut se prolonger jusque tard dans la nuit, la "civilisation" devait bien prendre le dessus - en clair, il fallait libérer la salle pour accueillir un autre artiste.


Amor Mar e Música, est un album profond, plein de mélancolie, parfois de tristesse et de désillusion. C'est également un voyage à travers le temps et les styles musicaux : morna, coladera, sanjon, mazurca, marche de carnaval, "funky, rock et funana" y sont représentés!
Le premier titre, éponyme, a été écrit par Fantcha, et mis en musique par Teofilo Chantre. Il s'agit d'un hommage au frère de la chanteuse, disparu en mer. Teofilo Chantre signe deux autres titres : Na Mundo E Na Bô, ainsi que le cola-sanjon Lumnara, rythme typique des manifestations de la Saint-Jean, à la fin du mois de juin, que l'on retrouve principalement sur l'île de São Vicente. Nha Vicente, de Jorge Humberto est une mazurca (unique style traditionnel à mesure ternaire), pleine d'entrain et de joie de vivre.
L'incontournable vieille garde de la tradition musicale est représentée par Eugénio Tavares (É Assim Qu'El Ta Fazedo) , Manuel de Novas (Serpentina), et Morgadinho (Amor di Mãe). Le premier est considéré comme le fondateur de la morna à la jonction des XIX° et XX° siècles. Le second, était le compositeur favori de Cesaria Evora, et n'a eu de cesse d'enrichir la tradition musicale de son pays dans la seconde moitié du XX° siècle, tant par ses innovations musicales que par l'apport de nouveaux thèmes poétiques dans le champ lexical de la morna et de la coladera. Le troisième enfin, grand trompettiste, membre du groupe Voz de Cabo Verde dans les années 70, est l'auteur de nombreux standards, dont le fabuleux Cize chanté par Cesária Évora.
Vlú (Valdemiro Ferreira), qui a plusieurs fois travaillé avec Lura, signe 2 titres plus légers: Funk Rock Coladera e Funaná, et Stica Canela, une satire de la société, sur un rythme de bossa nova.
A noter la présence de deux étoiles montantes du paysage musical : Constantino Cardoso (Ventre de Mãe Terra et Rival d'Carnaval), et Adalberto Silva également surnommé Betú (Maio Nha Terra). Le premier est reconnu pour son intérêt pour la musique de carnaval. Il se révèle pourtant un habile compositeur de morna, et plus généralement, un subtil parolier. Il avait d'ailleurs déjà écrit pour Ildo Lobo - dont on connaît les exigences en matière de textes - et Cesária Évora. Ici, Constantino démontre à nouveau qu'il peut se montrer d'une grande profondeur. Même Rival d'Carnaval, pourtant porté par un rythme entraînant propre au carnaval, comporte dans ses paroles un brin d'amertume, de sodade. Quant à Betú, qui a également écrit pour Ildo Lobo, et Cesária Évora, et dont la réputation n'est plus à faire, il signe ici une ode à sa terre natal, Maio, à la beauté de cette île, et la mansuétude de ses habitants.

Amor Mar e Música est un arc-en-ciel, joignant deux horizons infranchissables : celui de notre propre condition humaine, et celui de notre idéal rêvé.

mardi 16 mars 2010

Bau e Voginha - Relembrando os mestres

Bau et Voginha se sont produits vendredi dernier à Newark (NJ), au Mindelense Sport Club, également appelé "Guetto", un lieu dédié à la communauté capverdienne locale, et qui fait plus souvent office de discothèque que de salle de spectacle.


Les deux compères sont en effet en tournée sur la côte Est, deux ans après le lancement de leur cd Relembrando os mestres, un album de duos à deux guitares qui reprend de nombreux standards de la musique populaire traditionnelle, ainsi que des œuvres emblématiques des grands "maîtres" capverdiens de la guitare qu'ont été Luis Rendall, B. Leza, Tazinho ou Humbertona.
On se réjouit que les deux musiciens se soient enfin mis d'accord pour présenter ce disque au public plus de deux ans après sa sortie, alors que des rumeurs persistantes faisaient état de dissensions entre les deux fortes personnalités pourtant souvent réunies par la force des choses sur les planches.
Bau et Voginha, sont considérés comme les plus grands musiciens actuels. Ils ont su chacun à sa manière insuffler un nouveau style à la musique traditionnelle dans les années 1980 et 1990, lorsque celle-ci balançait entre le tout-électrique (synthés, guitares électriques), et le repli sur la tradition orthodoxe. Voginha est passé par des expériences rock et jazz - je recommande à cet égard son album "Felicidade" qui allie subtilement couleurs locales et touches jazzy - tandis que Bau, encore plus remarquable dans sa maîtrise du cavaquinho, s'est approprié de nombreux éléments d'origine brésilienne dans les mornas qu'il interprète tout au long de son abondante discographie.
Rappelons que les deux musiciens ont fait partie des premières formations à avoir accompagné Cesaria dans les débuts de sa carrière internationale, et ont notamment participé à l'enregistrement du chef d'œuvre absolu qu'est l'album Mar Azul.
Bau est également connu pour ses nombreux arrangements musicaux, et pour son travail de production artistique. Il a notamment produit les albums de Dudu Araujo, et de Fantcha, laquelle était en concert samedi au Joe's Pub, à New York. Bau était évidemment à la guitare.
Bau et Voginha se produiront encore à quelques reprises à Nantucket, Dorchester, New Bedford et Brockton, dans les Etats américains - Rhode Island, Connecticut et Massachusetts - où se concentrent la plupart des Capverdiens vivant aux Etats-Unis.