samedi 15 novembre 2008

"Radio Mindelo" : un album inattendu




A l'occasion de la sortie de l'album "Radio Mindelo - early recordings", Cesaria Evora se produira le 26 novembre à Lisbonne, au cinéma São Jorge.
Serait-ce pour autant le début d'une nouvelle tournée ? Il semblerait que non...

Cet album dont la sortie est imminente (26 novembre au Portugal, 8 décembre en France), rassemblera 22 chansons, pour la plupart inédites, enregistrées dans les studios de Radio Barlavento au début des années 60, lorsque Cesaria Evora avait une vingtaine d'années. Sa voix suave et sensuelle, sur laquelle le temps n'est pas encore venu imprimer ce timbre si caractéristique qu'on lui connaît aujourd'hui, y est méconnaissable. L'atmosphère est feutrée, et l'accompagnement intimiste se résume à deux ou trois instruments.
Elle y chante plusieurs coladeras de Gregorio Gonçalves, surnommé Ti Goy, grand compositeur, prolixe et désintéressé, qui fut son mentor et l'a aidée à débuter sa carrière, en l'introduisant dans les studios de radio.

Pour mieux connaître ce personnage, je ne peux m'empêcher de citer un passage du livre "Cesaria Evora, la voix du Cap-Vert" par Véronique Mortaigne (p.80) :
Ti Goy est un personnage singulier. Bossu, il est féru de théâtre. Les mornas et surtout les coladeras de Ti Goy étaient satiriques. Elles racontaient avec un humour tenace des histoires de tous les jours, des histoires de femmes. Avec les jeunes musiciens qui lui rendent visite à toute heure, il organise des joutes verbales. Ti Goy écrit des pièces de théâtre, imagine des mises en scène (...). Il est un personnage charismatique, que tout le monde connaît par ses mornas et coladeras, mais aussi par la sympathie qui se dégage de cet homme à la fois discret et omniprésent. Les jeunes l'adorent, il les aide et les épaule. Cesari Evora, mais aussi Titina (...), ou Fantcha (...), sont en quelque sorte les créatures de cette âme damnée et fertile du Lombo. "Il était connu dans tout l'archipel, mais refusait les interviews à la radio, car il avait une voix fine, comme celle d'une femme, et cela le complexait, se souvient Manuel de Novas. Il avait étudié au lycée jusqu'à la cinquième année. Il jouait beaucoup pour les étrangers. Quand le mouvement du port a décliné, il a perdu ses points d'appui. Il est mort en 1991, presque dans la misère. Au cimetière, il a été jeté dans la fosse commune, parce que personne n'avait de quoi payer un caveau".

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